Eine kleine Nacht Musik

Premier mouvement.

22h00 c’est l’ouverture de mon quart, je crescendo les escaliers et arrive dans le cockpit. C’est la nuit noire, sur l’eau on y voit pas à 20 mètres, mais le ciel, lui, est en plein allegro, la voie lactée est d’une incroyable blancheur et les étoiles sont là par milliers, véritable symphonie lumineuse déchirée de temps à autre par des stridences, les météorites.

Le bateau file à une belle cadence laissant derrière lui un sillage ponctué de pizzicatos phosphorescents dus au plancton. Ces étincelles au c.. du bateau, ça fait un peu dessin animé.

Deuxième mouvement.

Minuit, une lumière sourde se dessine à l’Est, la diva de la nuit, la lune, fait entendre sa voix. Au fur et à mesure qu’elle monte dans les octaves (d’accord, le ciel), le chœur des étoiles se tait, la voie lactée disparaît, ne reste plus que les chants de quelques rares constellation, Orion, Cassiopée, la Grande Ourse et, tout là-bas, au Nord, en chef d’orchestre autour de qui tout tourne, l’étoile polaire.

Troisième mouvement.

02h00 C’est le récital de la lune, son reflet dans la mer dessine une longue portée argentée dont les notes mouvantes sont formées par les ombres des vagues. Le vent, qui faisait jusque-là dans l’allegro moderato, devient molto allegro e vivace, le rythme monte à 10, 11, 12 nœuds, il est temps de diminuer le volume de la toile et de faire jouer les winchs.

Quatrième mouvement.

3h30, je retrouve ma couchette, je m’endors comme une masse, la symphonie restera inachevée, ou plutôt non, elle se rejouera la nuit prochaine.

Frédéric