Mais vous faites quoi la journée ?

Eh bien, pour répondre à cette question récurrente, il faut savoir qu’à l’instar des albatros, ces vastes oiseaux des mers qui suivent parfois les navires…, la navigation ne s’arrête pas à la tombée de la nuit pour reprendre au petit matin. Nous faisons les trois fois huit ou plus exactement les six fois quatre + deux. Traduction : quatre heures de quart sur le pont suivies de deux heures de veille, c’est-à-dire habillé et équipé, prêt à bondir sur le pont en cas de nécessité et tout ça deux fois par jour. Autrement dit 8 heures de travail et 4 heures en supplémentaire quotidiennement, sans week-end. Le bagne !

Quand le vent et la mer sont d’humeur câlines, les quarts sont plutôt peinards et la vie à bord va son petit bonhomme de chemin, mais qu’il fasse froid et/ou qu’il faille "boxer" à la roue pour garder la route et ça devient nettement plus fatiguant (reportez-vous au blog de Laurent, « Ça secoue de partout »).

Et puis, il n’y a pas seulement le bateau à gérer, il y a aussi les occupations assurant les fonctions vitales de l’équipage, la bouffe, la vaisselle, les ablutions, l’évacuation du trop-plein (qu’en termes élégants ces choses sont dites…), l’apéro, le sommeil, une idée pour le blog, s’ébahir devant les dauphins ou les baleines croisés, toutes activités à prendre sur notre temps de repos, eh oui !

Même le bain de soleil et la partie de chibre (pas de méprise, il s’agit d’un jeu de carte) se prennent sur les heures de repos. Il ne reste dès lors guère de temps pour philosopher ou s’intéresser aux miniatures persanes du IX siècle (je n’y connais rien, mais pourquoi pas ?).

Bref, on n’a pas une minute à nous. Je vous quitte, chuis à la bourre.

Fait ce 28 décembre de l’an de grâce 2018 environ à 250 milles au Nord des îles du Cap Vert Notre position actuelle est 20.37 N / 22.31 W.

Frédéric

Petit message personnel : oui Nadège, cette fois c’est moi.